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Il était une fois, et sera toujours, une princesse belle et jeune. La jolie Princesse habitait dans un joli château avec ses parents qui s’aimaient. Tous les jours elle apprenait à danser car son rêve était de devenir une grande danseuse. Tous les soirs avant de se coucher, la Princesse demandait à sa mère de lui raconter comment elle avait rencontré son père et, tous les soirs, la mère s’exécutait. Et la petite Princesse rêvait alors, qu’un jour, un beau et jeune prince viendrait lui faire la cour comme son père l’avait fait à sa mère.


La Princesse était vraiment heureuse, entourée de l’amour de ses deux parents, jusqu’au jour où un gros nuage s’installa au dessus de leur maison. Et il se mit à pleuvoir des goûtes noires durant quatre jours et quatre nuits. La mère de la Princesse tomba gravement malade et ils durent l’emmener chez les Grands Médecins. Ils trouvèrent de quoi elle soufrait, mais il était trop tard, on ne pouvait la guérir. La Princesse resta au chevet de sa mère très longtemps, chez les Grands Médecins. Ils lui avaient appris qu’elle était mourante, et qu’il lui restait peu de temps à vivre. Elle décida de rester auprès d’elle jusqu’au dernier jour et promit à sa mère de faire ainsi.
Et, peut être grâce a la promesse de la Princesse, la Reine vécut bien plus longtemps que ce que les Grands Médecins avaient prédit. Pourtant, la Reine resta alitée jusqu'à son dernier jour, et jusqu'à son dernier jour, le Princesse serait à son chevet. Et les années ainsi passèrent, les Grands Médecins allaient et venaient, l’air toujours grave, toujours porteur de mauvaises nouvelles.


Mais, parmi les assistants des Grands Médecins, il y avait un jeune homme. Ce n’était peut être pas un prince, mais un homme d’une rare bonté et il était si attentionné avec la Princesse…Il venait la voir tous les jours, il la consolait, il la faisait même rire. C’était un jeune homme formidable, mais la Princesse se devait de tenir sa parole et d’accompagner sa mère jusqu’à la fin. Elle fit de son mieux pour résister au charme du beau jeune homme, en vain. Elle en tomba amoureuse doucement, avec ses façons de la courtiser, de la charmer, de vouloir la faire rire malgré sa peine.


Alors, un jour, elle accepta l’invitation qu’il lui donna, loin de la maison des Grands Médecins, où se reposait sa mère. Elle passa une soirée de rêve, elle était  tellement heureuse, elle en avait oublié la peine qu’elle avait de bientôt devoir perdre sa mère. Le jeune homme lui dit tout son amour pour elle, mais la Princesse ne put déclarer son amour à son tour. Un messager arriva en toute hâte lui annoncer la mort de sa mère.
La Princesse était écroulée, elle culpabilisait énormément de ne pas avoir tenu sa promesse, elle n’était pas à son chevet lorsque sa mère avait eu besoin d’elle. Elle refusa de revoir le jeune homme et partit avec son père vers un royaume lointain, espérant qu’avec le temps, la peine s’estompe…

 

Lindsey ouvrit brusquement les yeux, Sofia pleurait. Elle se leva et la prit dans ses bras. Ce n’était pas sa faute, ce n’était pas du tout sa faute. Elle n’avait pas à s’en vouloir, les enfants survivent aux parents, c’est comme ça que ça marche, elle avait le droit d’aimer, elle en avait le droit. Sofia pleurait à chaudes larmes et s’écria :


« J’essaye de penser comme ça… Mais je peux pas ! ».


Lindsey la serra fort contre elle, caressant ses cheveux, elle la berça lentement jusqu’à ce qu’elle finisse par s’endormir. Elle essuya ses larmes, prit le châle qu’elle avait apportée et couvrit Sofia avec.
Elle resta assise un moment, à la regarder dormir. Le chien la rejoignit, posant son museau sur sa cuisse. Elle lui sourit, le caressa paresseusement et s’allongea à son tour. Elle regarda le ciel, les yeux grand ouverts, et ce jusqu’à ce que Sofia se réveille. Il était encore tôt, le soleil n’était pas encore couché.
Sofia se frotta timidement les yeux, elle sourit à Lindsey, qui commençait à s’asseoir.


« Bien dormi ? » sourit Lindsey.
- Ouais…Merci, et désolée, je sais pas pourquoi je t’ai confié tout ça…

« Peut être parce que tu savais que je te comprendrais…On est toutes les deux là pour à peu près les mêmes raisons… »

- Dis pas ça, je vais encore pleurer ! Allez, viens, je t’emmène voir un truc.

Sofia l’emmena chez elle, là où elle dormait. Elle l’emmena dans sa chambre directement, sans lui faire le tour de la maison, dès qu’elle ferma la porte, Lindsey vit son regard excité de montrer quelque chose de génial. De dessous le lit, elle sortit une énorme housse en bois qu’elle ouvrit soigneusement. Elle en sortit une belle guitare, au bois vif et rouge et, à en croire la marque, de bonne qualité.


Elle s’assit sur le lit et brancha la guitare à son ampli, Lindsey s’assit sur le sofa qui était devant et écouta. Sofia prit une grande inspiration et commença lentement. La chanson, qui avait commencé doucement, continuait par un son plus saccadé, électrique. Ses doigts dansaient sur le manche avec dextérité, c’était un morceau lent, mais rythmé, Lindsey ressentait l’émotion qui se dégageait, le message qu’il délivrait, la passion du musicien qui la jouait. Elle se rendait compte peu à peu qu’elle en reconnaissait chaque note, elle entendait même les autres instruments. Elle revoyait la première fois qu’elle avait écouté ce morceau, et surtout, avec qui.
Son regard se fixa sur l’instrument, elle n’écoutait quasiment plus la musique, perdue dans ses souvenirs, ses pensées.


Elle était assise par terre, en tailleur, et lui, sur le fauteuil à côté d’elle, le grand poste de salon jetait au ciel cette mélodie qu’il connaissait par cœur, qu’il voulait partager avec elle. C’était sa chanson, leur chanson. La tête posée sur son genou, un sourire posé délicatement sur son visage, la musique pénétrait sa peau et la portait dans un bien être incomparable. C’était leur chanson.


Tout à coup, elle se vit obligée de lutter contre une terrible envie de pleurer, ce qui la dérouta d’autant plus.
Sofia arrêta de jouer, lui demanda si tout allait bien. Lindsey acquiesça, le visage pâle. Elle lui demanda où elle avait appris ce morceau.


- C’est mon père qui me l’a apprise. Il enseigne la musique, il aime beaucoup ce groupe.

 

Son père. C’était une coïncidence, il était vrai que cette chanson était peu connue, mais le groupe était célèbre, cela pouvait arriver. Lindsey commença à perdre son calme et à être de plus en plus nerveuse. Elle tremblait ; comment une inconnue pouvait connaître leur chanson ?
Sofia, inquiète, lui demandait ce qu’elle avait et pour quoi elle avait posé cette question, mais Lindsey ne savait plus quoi répondre. Sofia posa la guitare et la prit dans ses bras, tentant de la rassurer un peu. Elle ne savait pas de quoi il s’agissait, mais elle savait qu’elle finirait par se confier, comme elle-même l’avait fait.
Les yeux de Lindsey lui piquaient trop, elle essaya de trouver un peu son calme, retrouver un peu de maîtrise de soi. Elle enfouit son visage dans les bras de Sofia, dans sa tête, elle criait : « Pourquoi tu es parti ? Pourquoi disent-ils tous que tu es mort ? »

Puis, elle laissa venir ses larmes, acérées comme des lames, elles coupaient ses joues et ses paupières, elle souffrait, mais ne pouvait plus s’empêcher de pleurer, grelottante.


Lorsque Lindsey se calma enfin, elle releva la tête. Sofia, bienveillante, lui demanda si elle aimait les gaufres avec du chocolat dessus. Lindsey acquiesça timidement de la tête et Sofia l’emmena dans la cuisine où elle prépara des gaufres.

Lindsey s’assit doucement, se sentant faible et vide d’avoir pleuré toutes les larmes de son cœur. Elle regarda Sofia préparer les gaufres, tranquillement et en fredonnant, elle avait un air presque maternel. Lindsey cala sa tête sur son bras, sur la table, et regarda Sofia cuisiner.


L’image de sa propre mère préparant des crêpes se superposa petit à petit. Elle chantonnait tout en versant la farine dans le saladier, connaissait l’emplacement des instruments et des ingrédients par cœur, elle allait les chercher d’un air détaché, comme automatique, c’était tout un art. Des gestes doux et déterminés, de temps en temps, elle se tournait vers sa fille qui l’observait, avec un sourire placide sur son visage. Parfois, elle lui accordait l’honneur de les faire cuire sur la grande poêle à crêpes ; elle se tenait alors en retrait, sur sa droite, lui expliquant la marche à suivre, tout en lui lassant champ libre pour se tromper ou réussir à la perfection.

 

Sofia la secoua gentiment, elle s’était assoupie, l’odeur des gaufres chaudes et du Nutella fondu dessus la réveilla complètement et toutes les deux se firent un festin loin des pleurs de tout à l’heure, souriantes et riantes.
A six heures, Lindsey prit congé et elles se donnèrent rendez vous pour le lendemain. Sofia la prit longuement dans ses bras avant de la laisser partir, ce qui étonna Lindsey.
Durant le court trajet de chez Sofia à la maison de sa tante, elle eut cette sensation agréable et étrange qui chatouillait son ventre. Ce qu’elle ne savait pas, c’est que Sofia ressentit la même chose. Dans un état second elle rentra, mangea et alla dormir, le sourire aux lèvres.

Postée le 18 Janvier

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